Levkovitch
Levkovitch est naît à Lodz en 1936. Il y fait ses études aux "Arts Appliqués". Il obtient son diplôme à l’atelier de Zdzislaw Glowacki. En 1961 il va à Paris où il demeure et travaille jusqu’aujourd'hui. Il expose en France depuis l962. En 1970 il fréquente l’atelier de lithographie de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
EXPOSITIONS PERSONNELLES
1969 Galerie Abel Rosenberg, Paris
1984 Galerie l’Atelier Lambert, Paris
1988 Centre Garibaldi, Saint-Maur A.A. Galerie, Paris (avec Nikoïdski)
1992 Galerie Solange Paul-Cavaillet, Paris
1998 La Galerie les Singuliers, Paris
EXPOSITIONS COLLECTIVES
1965 Galerie Katia Granoff, Paris
1967 Galerie Gordon, Tel-Aviv
1968 Galerie Ramhers, Paris
1969 Galerie Jacques Casanova, Paris
1970 Semaine de l’estampe, galerie du Haut-Pavé
1972 Galerie du bateau ivre, Bruxelles
1974 Galerie Mondetour, Paris
1975 Galerie Jacques Casanova, Paris
1977 Galerie X, Paris
Galerie Main Digard "la pochade", Paris
Galerie Simone Badinier, Paris
1980 Galerie Moscou Saint-Pétersbourg, Paris
Première biennale internationale, "L'art et le papier”, Touquet
1981 Galerie Shehade, Paris
1982 Galerie Negru, Paris
1983 Galerie Jacques Casanova, Paris (Galerie Gorki, Paris)
1990 "Détournement de mineur”, Galerie Jacques Casanova, Paris
‘Lauries wizo’ nagrocla honorowa / prix d’honneur 1991 ‘Nouvelle Ecole de Montparnasse” / "Nowa szkola Montparnasse”, Paris
1993 Galerie Irus et Vincent Hansma Rencontres, Paris Salon Majowy /Salon de Mars, Paris
1995 Galerie 1900-2000, Paris
1996 "Panorama sztuki”, Salon Jesienny / "Panorama de l’art", Salon d’Automne, Paris
1997 Galerie Nast, Paris
1998 Salon Jesienny / Salon d’Automne, Grand Palais, Paris Salon Majowy / Salon de Mai, Paris
Salon, Angers
1999 Salon de Mai, Paris
ACQUISITIONS
Musée de Haïfa; Les Musées de la Ville, Strasbourg; Ville de Paris;
Fond National d’Art Contemporain, Paris
Bibliothèque Nationale de France, Paris; City Bank of New York
MOI SUR MOI-MÊME
Je dessinais depuis les temps les plus anciens et je collectionnais des timbres. Au bout d'un certain temps, j’ai abandonné les timbres. Pendant la guerre ma bonne étoile m'a mené à Magnitogorsk dans l’Oural. Je me rappelle que là, j’ai dessiné dans des marges des journaux. Jusqu’à présent il m’arrive (assez souvent) de faire des dessins sur des boites de cigarettes ou au dos des cartons d’invitation. A l’école, à chaque occasion j'attaquais le journal mural (pour y placer des bustes des dignitaires, et surtout de celui à grosse moustache, qui, avec le temps se sont transformés en têtes exprimant la majesté). Ce penchant à présenter "des têtes colossales” à petite échelle m’est resté jusqu’à maintenant.
En 1954 j’ai commencé mes études à l'Ecole Supérieure des Arts Appliqués à Lödz. Dans l’atelier de peinture il y avait une grande toile représentant les anciens étudiants, peints par eux-mêmes. Elle m’a semblé correctement peinte. On pouvait les reconnaître tellement, bien qu'à vrai dire, je ne les aie pas connus. Mais cette manière de peindre était déjà finie, il fallait le faire autrement. Mais comment? J'ai compris, qu’il ne fallait plus placer le nez au milieu du visage. Mais où? Mes professeurs: Zdzislaw Glowacki, Lech Kunka, Stanislaw Fijalkowski, Anna Orzechowska et Krystyn Zielinski. Glowacki m’a recommandé de me procurer de la toile, des couleurs, des pinceaux et de peindre! Lorsque l’huile manque on peut aller en chercher chez maman à la cuisine. Il aimait répéter en souriant gentiment que personne n’a appris à peindre à personne. Parfois il donnait une tape amicale sur l’épaule en disant: "Vous le savez déjà”. J’avoue que je ne savais pas grand chose. Pourtant l’encouragement était une chose précieuse.
Zieliniski, son assistant faisait de même. Lech Kunka, qui avait étudié à l’atelier de Léger, nous expliquait le cubisme et aimait racontait sa vie fort périlleuse à Paris. Je me rappelle qu’il se mit à peindre dans le style de biologisme, me semble-t-il. Il nous parlait du microscope.
Madame Orzechowska rencontrée par hasard à Paris m’a appris que le tissu dont le dessin avais été mont projet d'études, avec son aide considérable, avait eu du succès pendant de longues années. Fijalkowski nous enseignait la composition. Je me souviens qu’un jour il nous expliquait quelque chose devant le tableau noir, tout à coup il s'est découragé et il a fait la remarque: “Je ne sais pas dessiner!”. En ce temps-là Nowosielski était déjà dans les parages. Les proportions et les disproportions des personnages de ses compositions sont restées dans ma mémoire, Je me le suis plus tard lorsque je regardais les papyrus.
En 1960 avant d’obtenir mon diplôme, j’ai fait une exposition avec Lesiak et Zalewski dans les locaux de "Pax" (pas très "kosher"). Au vernissage lors d'une discussion animée (à cette époque-là, à Lodz il n'y avait pas beaucoup d’expositions et d'occasions pour s’exprimer) Mackiewicz, peintre connu, ancien cubiste et alors traditionnaliste, a dit de moi: “L’école ne lui a pas donné grand chose”. Je pense qu’il exagérait. Au programme de mes études il y a eu des cours de sculpture: alors je les ai suivis. Mais la sculpture ne m’attirait pas. La peinture et le dessin me suffisaient. Après avoir obtenu mon diplôme en 1961, je me suis trouvé à Paris. Je n’y étais pas porté par la vague d’une grande émigration, non, c’était ma petite émigration. En 1962, par l’intermédiaire de Tomasz Gleb, j’ai pris contact avec la Galerie du Haut Pavé, tenue par un dominicain, le père Gilles Vallée.
Avec un groupe d’artistes de cette galerie j’allais souvent dans le Massif Central et là j’eus l’occasion de connaître la sérigraphie. Lors d’un tel séjour j’avais fait un cycle de paysages qui ont servi à illustrer le volume des poèmes De l’amour courtois édité en treize exemplaires, chacun avec mes dessins originaux -de Bernard de Ventadour, un troubadour du XIIIème siècle. L'exposition de groupe qui a eu lieu à la Galerie Lambert, chez les Romanowicz, a été la première exposition importante à laquelle j’ai pris part à Paris. En 1970 j’ai fréquenté l’atelier de lithographie de l’Ecole des Beaux-Arts à Paris. Au début des années 70 je me suis rendu à Pietrasanta en Toscane, invité par mon ami Wlodzimierz Borensztajn, sculpteur. Dans sa petite chambre je me suis trouvé si près de l’argile que je n’ai pas pu ne pas la toucher J’ai assez vite fait quelques petits personnages. Mais aussi vite m’est venue une hantise de me répéter. C’était un problème qui en peinture me préoccupait peu. Le dessin et surtout les taches de couleurs différencient suffisamment les compositions qui se ressemblent, Mais il était trop tard. J’avais attrapé le virus de la sculpture.
Certains personnages qui, sur papier, évoluaient sans problème dans un espace vague devaient, maintenant, se fixer sur quelque chose de concret. Alors, souvent je les plaçais sur des colonnes. Ne voulant pas abandonner le pinceau, je continuais à m’en servir en sculptant dans l’argile. Quant au papier, il m’arrive d’y gratter. Que peut-on faire uniquement avec un crayon et une gomme?... (Avec la gomme ce serait déjà la “déconstruction”!)
Je suis attiré par des formes monumentales que je traite à petite échelle, voire à une échelle miniature, comme par exemple Monument de poche. La tête du cavalier de cette sculpture n’avait que quelques millimètres. Tout à coup elle est tombée par terre. Pour la retrouver, j’ai été obligé de balayer tout mon appartement. J’ai décidé alors de faire des formes ne fût-ce qu’un peu plus grandes. La Peinture de Giacometti m’est proche de même que la sculpture de Fautrier, Medardo Rossi aussi. Je retrouve des éléments communs avec mes oeuvres dans les tableaux de Petlin, dans le blanc d’Arpad Szenes. J’aime la couleur blanche. Avant je n'avais jamais entendu parler de Wols. Mais en jugeant sur mes premiers travaux parisiens ou même antérieurs, on pourrait penser que je l’avais vu.
Je ne peux pas nier l’impact qu’a eu sur moi la peinture de Soutine, et de Chagall, tout de même. Mais Klee fut certainement selon moi le premier.
La découverte dans la sculpture des patines claires, blanchies au possible m'arrangeait bien.
Quant aux sujets de composition -attention! attention!. “Pourquoi plutôt quelque chose que rien?”
Parfois j’ai l’impression que je pourrais tel le héros du Chef d'oeuvre inconnu de Balzac travailler sur le même ouvrage à l’infini. En 1960 j'avais rencontré Nikifor dans le parc de Kryrnica, je lui achetais une aquarelle. Est-ce pour cela que comme lui, j’utilise parfois de la salive dans mes dessins?
En 1967 j'eus l’idée de me rendre à l’atelier de Zadkine. Il me reçut avec bienveillance. Il a regardé mes dessins. En l972 à Pietrasanta je fus présenté à Lipchitz qui a regardé mes dessins et m’a fait un petit sermon. Il a dit que si le bon Dieu a donné du talent il ne faut pas le gaspiller. Certes, il avait raison, mais que voulait-il dire par là, en regardant mes dessins?
En 1984 juste avant l’ouverture de mon exposition, j’ai rendu visite à Czapski. A l’issue de cette rencontre, Czapski m’écrivit quelques mots gentils bien qu’ayant la vue très affaiblie, il eut des difficultés à déchiffrer mes gouaches et dessins, pleins de blancs et de gris. La feuille où il a tracé avec sa main incertaine, ces quelques mots en grandes lentes, fut accrochée à l’entrée de l'exposition.
J’ai été impressionné: par le désert de Judée, la frise de Parthénon à l’Acropole, la coupole du baptistére à Pise et les sculptures de Nicola Pisano, avec des têtes souvent "trop poussées” qui s’y trouvent, la coupole de la cathédrale de Florence, Masaccio, Piero della Francesca, Etrusques de Tarquinies. les pyramides et le sphinx vus de près, l’île de Santorini.
Dans la composition Andare via le personnage de l’artiste trouve un passage dans le mur par lequel il s’éloigne en regardant derrière lui. Dans Le retour d’Ulysse la barque est immobile, la tête du héros qui y repose a un air rêveur et indécis.
J’ai été intéressé par la possibilité de radier certains élements de la composition sculpturale dans la perspective frontale et de les faire ressortir soudain lorsque le point d’obserevation change. Ceci m’a frappé dans une des sculptures de Braque.
J’évite des effets qui grincent, mais je tends à briser un équilibre exagéré à obtenir un effet fulgurant. Le professeur Glowacki disait qu’il fallait s’énerver. Pas trop souvent quand même! Je compte sur le calme que je souhaite donner à mes travaux. Et que la travail me donne, Comme l’a dit Kundera, me semble-t-il, l’accélération de l’histoire doit être freinée. Cela ferait mon affaire, au moins dans l’art. Peut-être pas tout de suite ce’ “tableau-fauteuil" de Matisse, mais tout de même.
J’ai tendance à peupler mes compositions en les remplissant au maximum. Je blanchis les personnages dessinés, je couvre de dessins tout l’espace, ensuite je reblanchis à nouveau, en grattant le papier. Il m’arrive de passer de l’autre côté. J’avoue que le sourire trés fréquent et proche de la grimace de mes personnages me semble tout de même gai.
Parfois il m'est difficile de trouver un titre pour mon travail. Bien sûr il se passe quielque chose dans la composition mais je ne saurais pas dire quoi. Eh bien, tant mieux si ce n’est pas aussi littéraire que cela pourrait parfois paraître. Mes personnages sont tout simplement là. Une fois, paniqué, je cherchais un titre et voilà ce qui m'est venu à l’esprit: “Sans titre - titre provisoire". Je ne voudrais pas m’en servir trop souvent.
Il m’arrive souvent qu'à l’étape finale de mon travail me vient un petit personnage et, tel le personnage du roy de Las Meninas de Velazquez, il focalise l’attention de tous (Ce personnage rafle la mise).
La proposition de faire mon exposition à la Galerie Kordegarda fut pour moi une divine surprise, un défilé d'honneur dans la rue Krakowskie Przedmiescie. Pour cela j'eusse voulu avoir un cheval blanc.
Désormais je considère ce jour du 22 juillet, date vernissage de mon exposition comme une fête “privée".
France-Acces-Service
Adresse électronique de XLCOM qui transmet à l'artiste